C’était il y a 70 ans, le 10 Juin 1944, à Oradour-sur-Glane…
POUR NE JAMAIS OUBLIER. UN DEVOIR DE MÉMOIRE.
J’avais quinze ans en 1979 quand l’autocar scolaire qui nous emmenait vers les châteaux de la Loire fit une halte dans une petite bourgade du Limousin.
Oradour/Glane. Village martyr.

À cette époque, le Centre de la Mémoire n’existait pas. On entrait directement dans le village en ruine, et l’empreinte de la barbarie nazie nous explosait au visage comme une grenade. Les maisons effondrées, les traces de l’horreur vécue par les martyrs du 10 juin 44, et surtout ce silence qui portait à lui seul les stigmates de cette tragédie indéfinissable.
L’autre moment unique qui restera à jamais gravé dans ma mémoire, fut celui de la visite de l’église où femmes et enfants furent massacrés et brûlés. Un guide, rescapé lui-même du massacre du 10 juin 44, était là, accablé de douleur comme au premier jour, les yeux fermés, la voix sépulcrale, le visage douloureux, faisant le récit de la tragédie de l’église avec un courage et une telle dignité, que du haut de mes quinze ans j’ai pour la première fois de ma vie été confronté à l’incompréhension. Comment l’Homme pouvait-il commettre de tels actes ? et comment pouvait-on survivre à de telles horreurs ?
Ce guide a été incontestablement le détonateur du premier choc émotionnel de ma vie. Il est resté dans mes pensées durant toute l’écriture de mon premier roman « Au bord des cendres » qui raconte le destin de Valentine entre 1936 et 1944, retrouvée dans une maison psychiatrique 50 ans plus tard par son petit-fils Vincent.

Le film documentaire de Pascal Lemoine réalisé en 2012, sur une bande son magistrale de Jean-Christophe Rat-Patron, est une œuvre exceptionnelle qui à elle seule nous fait ressentir la terreur de cette tragédie du silence.
PS : Dernier signe du destin, aujourd’hui, 10 juin 2014, ma grand-mère Valentine vient de nous quitter. Le hasard, c’est Dieu qui se promène incognito, a dit Einstein.
Adieu, grand-mère. Et merci pour cette belle et longue vie.
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